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PICOUNOC LE MAUDIT.

s’était dévoilé pour plusieurs ; et, bien que, par respect pour la femme et la fille de ce bandit, l’on eut généralement gardé le secret, cependant quelques langues furent indiscrètes. Emmélie se sentit mortellement blessée. J’en mourrai, pensa-t-elle, mais jamais je ne l’exposerai à rougir de moi… ou de l’aïeul de ses enfants… J’en mourrai, qu’importe ?… Et en effet, elle inclinait vers la tombe. Picounoc la voyait s’éteindre rapidement, et supputait ce que sa mort lui rapporterait. Il était déjà mordu de l’avarice. C’est en songeant à ces choses et à la dot d’Aglaé, qu’il sarclait les allées du jardin attenant à la maison de sa défunte mère. L’ex-élève, qui avait passé par là tout à l’heure, l’arracha un instant à ses rêves d’envie. Il se remit au travail, puis, s’arrêta de nouveau.

— J’ai fait une bêtise, pensa-t-il : je n’aurais pas dû parler ainsi à Paul. Il est capable de répéter mes paroles à Aglaé, et qui sait ?… Les femmes sont si capricieuses !… Prévenons les coups : allons voir notre future. Devant moi, Paul sera muet comme une carpe… Pourtant, qu’ai-je à craindre ? Aglaé croit tout ce que je lui dis… La chère enfant, comme