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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Ils viennent de notre côté, dit-il, ce sont nos amis les Litchanrés, peut-être.

— Attendons-les ? Baptiste.

— Je le veux bien, Paul ; nous nous joindrons à eux car ils aiment les Canadiens du pays.

Et les deux voyageurs s’assirent sur l’herbe au pied d’un sapin, le dos appuyé au tronc.

On était au commencement de juin. La senteur des bois embaumait l’air, et les reflets du soleil jouaient mollement à la cime des arbres. Sous les premiers rameaux, en bas, les ombres commençaient à rouler en silence, sur les derniers, en haut, la lumière dansait.

— Continue, Baptiste, ton histoire du grand-trappeur, dit Paul, en battant le briquet pour allumer sa pipe.

— Je vais prendre une chique, d’abord.

Et il coupa, avec ses dents, le bout déjà raccourci d’une torquette de tabac noir.

— Je disais, reprit-il, que le jeune chef des Litchanrés aimait la belle Iréma. Les deux tribus s’étaient réunies pour les jeux, les danses et les festins. Litchanrés et Couteaux jaunes ne semblaient faire qu’une même nation tant ils se montraient d’amitié.