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PICOUNOC LE MAUDIT.

les autres descendirent sur le rivage. Le grand-trappeur voyait bien, de sa cachette, la grève et les sauvages. Il les compta.

— Quinze guerriers, à part les femmes, murmura-t-il, la troupe s’est donc divisée ! Qui sait leur dessein ? Ils nous ont entendu peut-être, et peut-être nous devinent-ils. Nous avons voulu les surprendre, et nous sommes peut-être tombés dans leur piège.

Les sauvages se mirent à courir de ça et de là ; les uns ramassèrent du bois et allumèrent un grand feu, juste au pied du rocher où se trouvait caché le grand-trappeur, les autres firent la pêche.

Baptiste le prisonnier les suivait d’un œil indifférent. On ne pouvait pas lire le désespoir sur sa franche et brune figure. De temps en temps il regardait le rocher comme s’il eut pressenti ou deviné qu’un ami se tenait là pour le protéger. Il avait toujours les mains liées derrière le dos, et deux guerriers se tenaient auprès de lui pour le surveiller.

On fit rôtir le poisson frais en le fixant au bout de broches de bois, puis le festin commença, largement arrosé d’eau de feu.