Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
PICOUNOC LE MAUDIT.

un assassin, murmura avec douleur le chasseur canadien.

Le lendemain matin les voyageurs continuèrent leur course vers le grand lac, emportant dans leurs canots Kisastari, trop faible encore pour parler, et le grand-trappeur, toujours sombre et rempli d’un triste pressentiment. Les jours s’écoulèrent et les voyageurs, après avoir bravé les périls de toutes sortes, fatigués mais non découragés, entrèrent dans le lac Athabaska long de près de cent lieues, mais assez étroit, qu’ils traversèrent à l’extrémité ouest, pour atteindre le fort Chippeway. Le blessé fut pris de la fièvre pendant la traversée, et, dans son délire, il vit passer devant ses yeux les images de ceux qu’il aimait et de ceux qu’il avait en horreur. Il appela Iréma, et le mot de traître s’échappa aussi de ses lèvres ; il prononça le nom du grand-trappeur, le nom du Lièvre qui court, et des paroles de vengeance. Ours grognard et Renard d’argent l’écoutaient avec surprise et terreur, croyant que c’était le Manitou qui le faisait ainsi parler, afin que fut connu le traître qui s’était caché pour frapper par derrière. S’ils n’eussent pas eu peur de la robe-noire et que l’occasion de