Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
PICOUNOC LE MAUDIT.

nous sommes perdus ! Cet homme si bon s’est tourné contre nous !… c’est lui, je le parierais, qui a dit au notaire de ne pas me prêter d’argent… Ah ! veut-il donc se dédommager du bien qu’il nous a fait, par un redoublement de malice ?… Et, plein de ces pensées douloureuses, il retourna sur ses pas et rejoignit le notaire.

— Je puis bien vous reprocher maintenant, monsieur le notaire, dit-il en l’abordant, d’avoir mis trop de confiance en votre ami… Vous voyez qu’il était intéressé à me nuire…

— Comment ! qui vous a dit ?…

— Je sais tout : et si je n’avais rien su, votre étonnement de tout à l’heure m’aurait éclairé complètement…

— On ne connaît pas le monde !… J’étais loin de penser cela de mon ami Pierre-Enoch… enfin, le mot est lâché, tant pis pour lui ! s’il a agi indignement, je ne veux être ni son complice, ni le cacher… Le jeune Victor était horriblement tourmenté. Comment cet homme dont le dévoûment et l’amitié semblaient inépuisables, se montrait-il tout-à-coup sans pitié ? Comment la protection qu’il avait