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PICOUNOC LE MAUDIT.

foyer des jeunes époux, s’efforçait pourtant d’éloigner les nuages, et de faire luire, dans les ombres naissantes, le flambeau de la charité ; mais les esprits pervers, qui remplissent l’espace et volent sans cesse autour des créatures de Dieu pour les tromper et les perdre, l’emportaient sur lui. S’ils ne pouvaient corrompre le cœur de la femme, à cause de ses vertus, ils pouvaient, au moins, le remplir d’amertume ; et leur triomphe sur le cœur de l’homme s’affermissait de jour en jour, parce que l’homme ne s’était pas encore entièrement affermi dans le bien.

Picounoc ne négligeait point ses infâmes desseins. Il étudiait et perfectionnait ses plans, le jour, en allant à l’ouvrage, la nuit, en attendant le sommeil.

À la fête de Joseph, il entendit Noémie parler du billet qu’elle avait reçu du médecin, et comprit le parti qu’il pouvait tirer de ce futile incident. Il accosta, quelque temps après, la petite Angèle Mercier qui demeurait dans le voisinage, lui parla longtemps, et lui glissa une pièce blanche dans la main.

Il attendit les premiers beaux chemins,