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PICOUNOC LE MAUDIT.

vinrent avec leur voyage, toujours en causant. Picounoc s’applaudissait d’avoir imaginé ce nouveau grief contre la femme de son ami.

Ce qu’il voulait, ce n’était point rendre l’ex-élève ou le docteur odieux à Joseph, mais faire comprendre que Noémie remplaçait l’amour perdu par un autre amour et cherchait désormais le bonheur et le plaisir loin de son mari. Il voulait prédisposer Joseph à croire sa femme capable des plus grandes fautes, et l’aigrir assez pour qu’il pût se venger de sa honte.

L’histoire de son entretien avec la petite Mercier, n’était rien moins qu’un mensonge ; mais il avait dressé l’enfant à mentir et à raconter la même histoire à peu près si Djos l’interrogeait. Ce qui ne manqua pas d’arriver.

Noémie vit bien, à l’arrivée de son mari, que la paix du foyer allait subir un nouvel orage, et son cœur gros de tristesse s’éleva vers Dieu, pendant que ses regards, toujours chastes, se baissaient comme ceux d’une femme coupable.

— Djos embrassa son enfant, mais passa près de sa femme sans la regarder, et il demeura plusieurs jours sans lui parler.