Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/182

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― Suivez-moi, mes amis, clama le patriote.
Il s’élance déjà...
                          Mais un Iscariote,
Un de ces êtres vils que l’or trouve soumis,
Se tenait au milieu des soldats ennemis,
Guettant d’un oeil cruel sa glorieuse proie.
Il voit Chénier qui sort, court, attaque, foudroie
Tout ce qui lui résiste et tout ce qui s’enfuit...
Il épaule son arme ; une étincelle luit ;
Et le héros s’affaisse avec ce cri suprême :

― Vive la patrie !
                          Or, luttant toujours quand même,
Il se dresse aussitôt sur le sol qu’il rougit ;
Et s’apprête à tirer.
                               Alors l’autre rugit,
Bondit à ses côtés, le renverse, l’assomme.
Et ce n’est pas assez ! Dans sa rage, cet homme
Lui fouille la poitrine, en arrache le cœur,
Et le montre sanglant au bataillon vainqueur.

On entendit dans l’air une plainte étouffée.
Quelques gouttes de sang tombèrent du trophée,