Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/36

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Vient de monter soudain à l’horizon sans brume ;
Et le vieux matelot que le repos consume
A senti dans son cœur se ranimer l’espoir :
Je voguerai, dit-il, avec le vent du soir.

Mais où vont ces vaisseaux avec leur vaillant monde ?
Cent barques autour d’eux glissent, volent sur l’onde,
Comme autour d’une ruche un intrépide essaim.
Un profond grondement s’élève de leur sein.
Ils sont trois. Le premier sur les vagues d’opale,
Impatient, s’agite ainsi qu’une cavale.
Et c’est la Grande Hermine, un nom fier et nouveau.
À la cime du mat flotte le blanc drapeau.
Le valeureux Cartier commande ce navire.
Le second, qui, plus loin, lève son ancre et vire,
C’est la Petite Hermine. Auprès, l’Émerillon
Se drape avec orgueil dans son grand pavillon.
LeBreton, Jalobert, en sont les capitaines.
Ils escortent Cartier jusqu’aux plages lointaines.

Cependant un doux son fait résonner les airs,
Et va, dans le lointain expirer sur les mers ;
C’est de l’airain sacré l’humble voix qui s’empresse
D’appeler, pour l’adieu, les marins à la messe.