Et la géhenne rit. Sous la voûte enfumée
Se calme tout à coup la plainte accoutumée.
Il s’approche du trône où s’assied Lucifer :
― « Noble rival du Dieu qui creusa cet enfer,
Satan, je viens, dit-il, de parcourir le monde.
Ah ! le Maître du ciel de ses bienfaits l’inonde,
Comme pour se moquer de nos tristes malheurs,
Et nous faire sentir de nouvelles douleurs !
Bien des hommes de foi prônent encor la gloire
De ce maître orgueilleux qui gagna la victoire,
Mais la plupart, Satan, l’outragent avec nous,
Et devant lui jamais ne tombent à genoux.
Espérons-le, bientôt leur noire ingratitude
Éteindra son amour, puis sa sollicitude,
Et ces êtres nouveaux au bonheur destinés
Seront, dans notre enfer, avec nous confinés.
« Ô la lutte superbe ! ô la belle vengeance !
Qu’il sache, l’Ennemi, quelle est notre puissance !
Nous sommes rois chez nous comme lui dans son ciel.
La terre près du sien élève notre autel.
« Combattons cependant. Ne cessons pas la guerre.
Les amis de son nom ne se reposent guère.
Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/42
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
REFLETS D’ANTAN