Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/45

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Va, dis-lui, sans retard, qu’il déchaîne le vent,
Et que nul matelot ne revienne vivant. »

Ainsi Satan parla. Son ministre docile,
Aussi pervers que lui sans être moins habile,
Tout brûlant du désir de propager le mal,
Se hâta de quitter le séjour infernal.
Comme un trait enflammé dans une nuit obscure,
Il traversa les champs vides, froids, sans murmure,
Qui s’étendent autour des gouffres éternels.
Il entendit de loin les hymnes solennels
Que la terre chantait à son céleste Maître.
Peut-être un noir courroux, un souvenir, peut-être,
Fit monter une larme en l’éclat de ses yeux,
Comme monte un nuage en l’azur de nos cieux.

Il avait retrouvé son audace première,
Alors qu’il aperçut dans un flot de lumière,
La terre qu’il cherchait, et que le Créateur
Se plût à décorer avec grâce et splendeur,
Comme le front serein de l’épouse nouvelle.
Tel un sinistre oiseau se berce sur son aile,
Il se berça longtemps sur les vagues des airs.
Il vit les trois vaisseaux qui sillonnaient les mers.
Alors il s’élança vers les grottes profondes
Que l’Esprit redoutable habite sous les ondes.