Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/63

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Qui vient du champ des morts soutenir mon courage ?
Les Blancs t’ont-ils chez eux fait subir quelqu’outrage ?
Et les vieillards sensés n’ont-ils donc pas eu tort
De me dire traîtresse et d’exiger ma mort ? »

― Naïa, que dis-tu ? Que dis-tu, mon amie ?
Je suis Domagaya, plein d’amour, plein de vie.
Les guerriers de l’aurore ont un cœur généreux.
À travers le grand lac je reviens avec eux.
Le vent nous a jeté l’autre jour, sur cette île :
Ce n’est pas un malheur, elle est grande et fertile.
Mais toi, dis-moi comment tu te trouves ici,
Comment tu fus traîtresse, et condamnée aussi ?

― « Non, non, ta Naïa ne fut point insensée.
Son crime n’existait qu’au fond de la pensée
De ces vieillards pervers qui désiraient du sang.
Mais allons nous asseoir sur le bord de l’étang,
Et je vais si tu veux te dire mes misères. »

Tous deux s’étant assis sur les molles fougères,
Tout près des eaux, au pied d’un érable élevé,
Elle fit ce récit à l’ami retrouvé :