Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/99

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Voir l’étranger s’unir à des tribus rivales.
Ces ententes, peut-être, un jour seraient fatales
Aux guerriers réunis près de Stadaconé.
Il se dirigea donc, par ces soins dominé,
À l’heure où l’oiseau dort la tête sous son aile,
Et semblant déborder d’amitié fraternelle,
Vers Cartier qu’entouraient ses vaillants matelots.
Il lui baisa les bras, puis prononça ces mots :

― « Tu veux, ô vaillant Chef des pays de l’aurore,
Laisser notre bourgade et remonter encore
Le fleuve impétueux qui baigne nos forêts.
Ce fleuve est traversé par des écueils secrets,
Où tes bateaux pesants se briseront sans doute.
L’Indien ne pourrait en indiquer la route.
La bourgade où tu vas est loin, bien loin d’ici,
Le guerrier qui l’habite est traître, et fourbe aussi.

« Abandonne, grand Chef, ce dessein condamnable.
Si ce puissant motif te trouve inébranlable,
Le Manitou m’a dit, ― je ne te le tairai pas ―
Que tu devais trouver un horrible trépas,
Parmi les flots de neige et les monceaux de glace,
Qu’en ces endroits lointains un noir Esprit entasse,