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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/137

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tonkourou

Où l’ont précipité ses guides maladroits.
Il l’éveille ; il l’instruit de ses immortels droits.
Il flétrit des torys la politique louche.
Et les brillants discours jaillissent de sa bouche
Ainsi que des volcans jaillit la lave d’or.
Il monte, il plane haut comme un vol de condor.
Il ressemble au torrent que nul effort n’arrête.

Et le peuple s’émeut. Il relève la tête ;
Il sent qu’il n’est pas fait pour croupir dans les fers ;
Qu’il doit avoir sa place en ce libre univers.
Assez longs ont été les jours de la souffrance.
Depuis qu’il ne voit plus l’étendard de la France
Un morne désespoir étreint son pauvre cœur.

Ô Papineau, ton nom, comme un aigle vainqueur,
Plane majestueux sur ta jeune patrie !
Il porte l’espérance à son âme flétrie
Par le joug écrasant d’un maître sans pitié !
L’anglais l’appelle : haine, et les tiens : amitié.
Il n’est pas la vengeance, il est le pardon noble ;
Il fait rugir d’effroi la politique ignoble
De ces ambitieux, sanguinaires troupeaux,
Qui viennent sur nos bords déchirer nos drapeaux
Et noue chasser aussi de notre humble chaumière !
Ô Papineau, ton nom, c’est comme une lumière