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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/176

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tonkourou


C’est Louise.
Des pleurs mouillent sa fraîche joue
Pendant qu’avec sa fourche elle lève et secoue,
D’un geste gracieux, et le trèfle et le foin.
Le bonheur entrevu s’est envolé bien loin !

Reviendra-t-il jamais, mon Dieu ! celui qu’elle aime ?
Est-il mort ? Tonkourou, par quelque stratagème
Que son esprit pervers, un jour, aura rêvé,
L’a-t-il, pour le mieux perdre, aux anglais enlevé ?
Après le sacrifice on éteint chaque cierge,
Doit-elle éteindre ainsi l’amour de son cœur vierge,
Et doit-elle oublier l’ami qui ne vient pas ?
De ces choses rêvant, dans le champ, pas à pas,
Elle suit le faucheur qui se hâte à l’ouvrage.



Il fait chaud. Vers le soir pourrait gronder l’orage.
On entend par moment, dans les prés d’alentour,
Les faneuses chanter et rire tour à tour ;
On entend retentir sur la faulx qui s’affile
La pierre au rude grain. Les agneaux à la file
Franchissent les fossés, d’un bond léger, hardi.
Dans l’air calme, au soleil, toute l’après-midi,