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tonkourou


Jean Lozet a vieilli. Maintenant, sur sa tête,
Parmi ses cheveux noirs luisent des fils d’argent.
Sa main plus volontiers s’ouvre pour l’indigent.
Quand son enfant, un jour d’ineffable infortune,
Disparut pour jamais, alors, une par une,
Comme s’en vont les fleurs au souffle des vents froids,
Comme les tintements s’envolent des beffrois,
Sortirent de son cœur les douces espérances.
Sa femme, comme lui, vieillit dans les souffrances.
Le ciel ne donna plus d’enfant à leur amour.



Sous le toit solitaire était venue, un jour,
Une femme bien jeune. Elle cherchait un gite
Car la neige tombait et la nuit montait vite.
Le froid l’avait saisie et bleuissait ses mains.
Le cheval était las de battre les chemins,
Et le cocher frileux, serré dans sa ceinture,
Ne pouvait presque plus diriger la voiture.

Malgré la neige épaisse et le vent qui hurlait,
Après un court repos, l’étrangère voulait
Dans son traîneau léger continuer sa route.
On ne le permit pas. Des larmes, goutte à goutte,