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tonkourou


Ta la connais, Léon, cette fille profane
Qui s’attache aux cités comme la lèpre au corps ;
Cette femme sans foi qui se jette en dehors
De la communion que le Christ a fondée ?
Tu connais, mon enfant, la fille débordée
Qui vend à qui les veut ses charmes avilis ?
Elle ne rougit plus. Dans son œil faux tu lis,
Sous un rayon menteur, la froideur de son âme,
Car son cœur n’aime plus et son corps seul s’enflamme.

Combien vont oublier près d’elles leur devoirs !
Jeunes gens et vieillards, dans les impurs boudoirs,
S’enivrent des baisers et du vin des orgies.
Mais, bientôt, leur front pâle à l’éclat des bougies
Laisse voir que le sang appauvri, mésusé,
Fait battre un mauvais cœur dans un corps épuisé.

La femme dont je conte en ce moment la vie,
Dans nos cités, longtemps fut un objet d’envie.



J’étais missionnaire. Un soir, bien fatigué,
Je vis un toit d’écorce assez loin relégué
Du village indien où je devais me rendre.