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tonkourou


Les brayeuses jetant quelques regards furtifs
À travers les rameaux, vers la côte élevée,
Semblent de quelques uns attendre l’arrivée.
En effet, tout à coup un groupe de garçons,
Causant avec ardeur ou chantant des chansons,
Descend l’étroit sentier au bout de la clairière.

On voit rougir le front de plus d’une ouvrière,
À l’accent bien connu des galants cavaliers.
La braie alors suspend ses coups drus, réguliers,
Et de coquettes mains, pour saluer la troupe,
Agitent dans les airs de blonds plumets d’étoupe.
À répondre au salut les jeunes gens fort prompts
Poussent des cris de joie et découvrent leurs fronts.

Louise reconnaît Ruzard, mais, la rieuse,
Elle baisse la tête et devient sérieuse.
Après un an d’attente ose-t-elle espérer ?
Ruzard dans ses desseins a su persévérer.
Il s’est fait plus aimable, aussi, plus hypocrite.
Lozet ne cesse pas de vanter son mérite,
Et le curé lui-même est bien moins prévenu.