Ton dévouement est doux comme l’eau des fontaines
Ou le vent du midi sur ces plages lointaines.
Je m’attarde, il est vrai, mais pour gagner de l’or.
Au bord d’un lac, là-bas, j’ai surpris un castor.
Je te l’apporte. Vois quelle peau fine et grande !
Mais alors, en riant, un autre de la bande
Dit au naïf huron, lui montrant mille peaux :
— Nous faisons mieux que toi, nous prenons des troupeaux.
Les blancs vont payer cher ces superbes parures.
Étonné, Tonkourou regarde les fourrures
Et les chasseurs heureux. Le sauvage reprend :
— Tu ne devines pas, et cela te surprend :
C’est le droit du plus fort que les visages blêmes
Nous enseignent souvent et pratiquent eux-mêmes.
Ces forêts sont à nous. Là-bas, sur les hauteurs,
Nous avons dépouillé quelques pâles traiteurs.
Tonkourou ne dit rien et, la tête baissée,
Il marche le cœur plein d’une triste pensée.
Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/212
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
tonkourou