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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/25

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tonkourou

Il me faudra trouver — je suis à mon couchant —
Des bras plus vigoureux pour cultiver mon champ.
Tu pourras sous ce toit, auprès de ton vieux père,
Couler des jours heureux, jouir d’un sort prospère,
Si tu choisis enfin, Louise, un bon époux.
Ruzard, qui te recherche, est un garçon fort doux,
Mais ferme s’il le faut, jovial, économe.
Il va venir ce soir puisque ce soir on chôme…

Il ne put achever. Plusieurs chevaux, alors,
Fièrement harnachés, de l’argent à leurs mors,
S’arrêtèrent piaffant sur la glèbe gelée.
La bise balayait au loin la giboulée
Et sur les tertres hauts le sol demeurait nu.

Il se leva.

— Ruzard, soyez le bienvenu !
Dit-il au convié qui frappait à la porte ;
La sainte Catherine, aujourd’hui, nous apporte
Une bonne bordée ; et c’est bien mon désir
Qu’elle donne à chacun une heure de plaisir.

— Vous êtes bon, trop bon ; mais pourquoi m’étonné-je ?
Tout est vertu chez vous, répond Ruzard.

— La neige