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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/261

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tonkourou


Le marin s’éloignait. Lozet l’avait poussé,
Lui criant d’un ton dur.
— Reviens-tu de la guerre ?
Les poltrons, je le vois, Léon, n’y meurent guère.

Louise commençait à se ressouvenir.
Ruzard s’approche d’elle et, pour la soutenir,
D’une main caressante il entoure sa taille.
Mais elle fuit.

— Non ! non ! sur le champ de bataille
Léon n’est pas resté, dit-elle tout à coup !
On m’a trompée, hélas !… Oh ! je souffre beaucoup !
Il était là. Je viens de le voir ! Il s’en vole !…
Pourquoi donc me fuit-il ?… Ô mon Dieu, je suis folle !…

Sa parole était brève et son regard, vitreux.
Tout le monde pleurait. Plusieurs disaient entre eux :

— Puisqu’elle n’aime pas le mari qu’on lui donne,
Qu’elle désobéisse : en ce cas Dieu pardonne.

Le curé qui venait entendit ces deux mots.

— Mes frères, leur dit-il, veillez sur vos propos,
Aimez la charité, pratiquez la prudence.
L’on ne devine point comme la Providence