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tonkourou


— Léon vit, dites-vous ? mais ce n’est pas possible !
S’écria l’indien dans un trouble indicible,
Oh ! ne me trompez pas, ce serait inhumain !
Léon vit ! Est-ce un rêve ? Ah ! dites quel chemin,
Pour le trouver, mes pieds rapides doivent suivre !…
Je vais mourir content ! Je suis comme un homme ivre
Qui ne sait ce qu’il fait… Ma peine va finir.
Après m’avoir maudit, Jean, tu vas me bénir !

Jean n’était pas d’humeur d’en ouïr davantage.

— Tout cela, gronde-t-il, c’est du pur radotage,
Cherche-le ton Léon, et puis laisse-nous ! Mais
Sous mon toit, Tonkourou, ne l’amène jamais.

Et l’indien reprit :
— J’y vole ! oh ! oui, j’y vole !
Le motif du huron, Lozet, n’est pas frivole.
Après l’avoir détruit je refais ton bonheur…
Lozet, bénis le ciel qui sauve ton honneur !
L’hymen n’a pas eu lieu ; Louise est encor libre…
Ruzard, retire-toi ! Que toujours ma voix vibre,
Infâme fiancé, dans ton cœur sans remords,
Pour t’annoncer ta fin, comme le glas des morts,