Page:LeMoine - Chasse et pêche au Canada, 1887.djvu/170

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indescriptibles. Ne pouvant porter secours à son enfant, il fond en cris de douleur. Le cortège allait prendre le large, et le sort de la petite infortunée lui paraissait déterminé.

Mais tout à coup plusieurs détonations retentissent au loin, et le chef de file, en apparence frappé, tomba dans l’eau, ou s’abattirent toutes les autres. C’était le frère de Polomitz et ses deux fils qui avaient fait feu sur les fuyards. Comme bien l’on pense, on court au secours de la petite fille plus morte que vivante, et l’on procède à retirer les prisonniers de la ligne. Quarante-huit outardes s’étaient prises à l’appât du navet, appliqué aux hameçons. On dépêcha le canot vers Polomitz qui jubila de joie en revoyant sa petite fille et en apercevant le nombre, presqu’incroyable des oiseaux qui l’avaient remorqué si loin.

Le seigneur Oliva, ayant relaté cette palpitante aventure d’un grand sérieux, prit une forte prise de tabac dans sa tabatière légendaire, et éternua fortement ; le canotier, plein d’admiration pour son excellent maître, s’écria, en employant un juron familier : Tacré mille Gueux ! en voilà une bonne, monsieur le jeune chasseur ; mettez la, avec les Dix Commandements du chasseur, dans votre Sabretache.