cinq pieds de neige. Nous en fûmes quittes pour quelques contusions et quelques traits brisés, accompagnés de force jurons et blasphèmes prononcés par nos sauvages conducteurs. Roulés dans nos manteaux, entourés de nos fourrures épaisses, nous nous étions laissés aller sans remuer au mouvement rotatoire, ne bougeant pas d’avantage que les sacs de blé — dont l’autre traîneau était chargé. Notre rire homérique contrastait seul avec la colère des deux phaétons Canadiens. »
Les deux chasseurs s’arrêtent quelques instants à un « misérable hameau » — une cabane de planches qui s’énorgueillissait du titre pompeux, de Hotel du Roi Georges ; puis, après avoir culbuté dans la neige d’une ravine, et presque perdu un des chevaux du tandem, ils se trouvèrent à la maison de M. Joassin, sur les bords de la rivière Ste-Anne, — un log-cabin, — où ils passèrent une triste nuit, accompagnés de leur cinq Indiens et de leur meute de chiens. Ils font une peinture peu favorable de leurs piqueurs qui appartenaient à la tribu des Hurons de Lorette. Après avoir subi bien des mésaventures, les deux chasseurs, atteignirent enfin « la base d’une colline dans la forêt séculaire, » où ils firent halte et ou les Indiens préparèrent l’emplacement de la cabane de sapins, pour le repas et pour le coucher, dans le voisinage d’un limpide ruisseau, dont l’onde avait une saveur délicieuse : puis, vient une excellente description de la hutte et du mode de confection. On alluma le feu du camp. Les Indiens eurent bientôt découvert un lieu de pêche. « À l’aide d’une hache, nos Hurons creusent deux trous dans la glace. L’admission de l’air frais avait probablement le pouvoir de donner aux truites un appétit irréfléchi, car à peine avions-nous plongé nos lignes dans l’eau, que l’une de celles qui grouillaient à la surface, se saisissait de l’appât et se trouvait doucement transportée dans une corbeille