Page:LeMoine - Histoire des fortifications et des rues de Québec, 1875.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
LES RUES DE QUÉBEC.

Bien qu’il y eût des bestiaux à Québec en 1623, on se servit pour la première fois de bœufs pour labourer, le 27 avril 1628.

Le 16 juillet 1665,[1] un navire français amenait douze chevaux ;[2] c’était, sans doute, des montures pour le brillant état-major du grand marquis de Tracy, vice-roi. Ces fringants militaires du colonel de Salières, cette jeunesse dorée du marquis de Tracy, montés sur leurs douze chevaux français, que les aborigènes ébahis nommaient des « orignaux d’Europe, » menaient grand train à Québec. Y avait-il des tandem, des driving clubs, en 1665 ? Quen sabe ? Ce n’étaient pas tous des saints comme Paul Dupuy[3] que ces militaires du colonel de Salières ! Le major Lafredière aurait pu vendre des points au plus enragé gamin que les guards de la reine Victoria aient compté dans la colonie deux siècles plus tard.

S’il y avait à Québec douze chevaux de gentilshommes, ils ne passaient pas toute leur existence à l’écurie. Les sentiers escarpés de la Haute-Ville durent s’aplanir, s’élargir ; la voie publique cessa d’être réservée aux piétons seulement. C’est là précisément où nous voulons en venir.

En effet, les rues de Québec prirent rapidement de l’importance, en 1665. Les améliorations effectuées, pendant l’administration du chevalier de Montmagny, avaient été fort goûtées. L’illustre chevalier avait ses rues Saint-Louis, Sainte-Anne, Richelieu, d’Aiguillon, Saint-Jean, pour honorer son roi et maître, Louis XIII, la belle reine, Anne d’Autriche, le duc de Richelieu, sa nièce, la duchesse d’Aiguillon, le bon prêtre M. LeSueur de Saint-Sauveur.

La rue Saint-Louis, au siècle dernier, était habitée par bien

  1. Histoire de la colonie française au Canada, tome III, p. 222.
    Ibid tome III, p. 384.
  2. « L’année 1670, dit Faillon, le Roi envoya pareillement un étalon et douze juments et les fit distribuer aux gentilshommes du pays, les plus zélés pour la culture des terres : une jument à M. Talon, deux juments à M. de Chambly avec un étalon, une à M. de Sorel, une à M. de Varenne, deux juments à M. de Lachenaye, une à M. de Latouche, une à M. de Repentigny, enfin la douzième à M. LeBer » (Tome III, p. 222).
  3. Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, Mère Juchereau, 511.