qui coupe à angles droits les rues Saint-Louis et Sainte-Anne.
Désirez-vous voir une scène des anciens jours aux environs de la rue Saint-Louis ? voici ce que vous dira l’abbé Casgrain :
« Il existe au monastère des Ursulines de Québec un petit tableau qui rappelle une touchante tradition des premiers temps du Canada ; c’est une peinture, faite par un artiste canadien, d’après d’anciens croquis conservés depuis longues années au monastère… La toile représente l’antique forêt qui couronnait le promontoire de Québec à la naissance de la colonie. Au centre du tableau s’élève, à travers les érables et les grands pins, le premier monastère fondé, en 1641, par Madame de la Peltrie[1] ; sur l’avant-scène se dessine, en perspective, la maison que cette fondatrice fit bâtir pour son propre usage, trois années plus tard. L’espace compris entre ces deux édifices est occupé par un défriché entouré d’une palissade[2], où l’on voit paître un troupeau de brebis. À gauche du tableau, une large issue perce la forêt : c’est la Grande Allée, devenue depuis la rue Saint-Louis, qui conduisait au village de Sillery. Deux cavaliers, vêtus à la Louis XIV, se rencontrent sur cette voie : l’un est M. d’Ailleboust, gouverneur de la colonie, et l’autre M. de Plessis-Bochard, gouverneur des Trois-Rivières. Ils sont interrompus au milieu de leur conversation par un chef sauvage qui leur présente une peau de castor.
« À quelques pas de son habitation, madame de la Peltrie se tient debout auprès d’un autre chef sauvage qui l’écoute, la tête inclinée dans l’attitude du plus profond respect, pendant que d’un air plein de noblesse et d’autorité, elle l’instruit des saintes vérités de la foi. Cette scène contraste admirablement avec une autre qui se passe à deux pas de là ; c’est un guerrier sauvage qui, d’un air dédaigneux et impératif, donne des ordres à une sauvagesse qui paraît être sa