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LES FORTIFICATIONS DE QUÉBEC.

alors gouverneur, fit réparer et achever ces fortifications, pour se protéger contre une incursion dont il était menacé de la part des Anglais et des Sauvages. Mais ce ne fut qu’en 1720 que Québec vit s’élever ses remparts véritables. Voici ce qu’en écrit Charlevoix au mois d’octobre de cette même année :

« Québec n’est pas fortifié régulièrement, mais on travaille depuis longtemps à en faire une bonne place. Cette ville n’est pas même facile à prendre dans l’état où elle est. Le port est flanqué de deux bastions qui, dans les grandes marées, sont presque à fleur d’eau, c’est-à-dire qu’ils sont élevés de 25 pieds de terre, car la marée, dans les Équinoxes, monte à cette hauteur. Un peu au-dessus du bastion de la droite on en a fait un demi, lequel est pris dans le rocher, et plus haut, à côté de la galerie du fort, il y a 25 pièces de canon en batterie. Un petit fort carré, qu’on nomme la Citadelle, est encore au-dessus, et les chemins, pour aller d’une fortification à l’autre, sont extrêmement roides. À la gauche de la rade, jusqu’à la rivière Saint-Charles, il y a de bonnes batteries de canon et quelques mortiers.

« De l’angle de la citadelle qui regarde la ville, on a fait une oreille de bastion d’où l’on a tiré un rideau en équerre qui va joindre un cavalier fort exhaussé, sur lequel il y a un moulin fortifié. En descendant de ce cavalier, on rencontre, à une portée de fusil, une première tour bastionnée, et à la même distance de celle-ci, une seconde. Le dessein étoit de revêtir tout cela d’une chemise, qui auroit eu les mêmes angles que les bastions, et seroit venue se terminer à l’extrémité du roc, vis-à-vis le Palais, où il y a déjà une petite redoute aussi bien que sur le Cap Diamant. Tel étoit, madame,[1] l’état de Québec en 1711… Il est encore aujourd’hui dans le même état, ce que vous pourrez justifier sur le plan en relief que M. de Chaussegros de Léry, ingénieur en chef, envoie cette année en France pour être mis au Louvre avec les autres.[2] »

  1. Ce rapport est adressé à Mme  la duchesse de Les Diguières.
  2. Un exemplaire de ce plan, de la main de l’auteur même et signé par lui, est encore aujourd’hui en la possession de la famille de Léry, à Québec.