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Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/283

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confondu notre Rossignol avec d’autres oiseaux, d’après quelques analogies dans le chant ? C’est de quoi mes recherches ne me permettent nullement de douter, ainsi que je le prouverai ci-après. Cependant Gueneau de Montbeillard dit qu’il est probable que le Rossignol habite aujourd’hui l’Amérique septentrionale, et que trouvant le climat peu favorable soit à cause des grands froids, soit à cause de l’humidité, ou du défaut de nourriture, il chante moins bien au nord de cette partie du monde qu’en Asie et en Europe. En supposant que cette transplantation ait eu lieu de la manière qu’il indique et qui me paraît presqu’impossible, le Rossignol se montrerait dans le nouveau continent tel qu’il est sur l’ancien, puisque les causes prétendues de dégénération n’existant pas dans la saison où les voyageurs cités ci-dessus ont cru le reconnaître, elles n’auraient pas nui à sa voix. Elles ont lieu, il est vrai, mais alors les oiseaux à la fin de l’Amérique septentrionale se trouvent sous la zone torride, et certainement le Rossignol, qui est de leur classe, agirait comme eux, s’il habitait le Canada, et ainsi qu’il le fait lui-même dans le nord de l’Europe ; il irait donc passer l’hiver dans les régions méridionales, où l’appellerait la pâture dont à cette époque il serait frustré dans son pays natal, et n’y reviendrait qu’au moment où ces causes cessent. La nourriture ne lui manquerait pas alors plus que dans nos contrées, car les insectes y sont au moins aussi nombreux et assez petits pour que des oiseaux entomophages dont le bec est moins fort et moins bien orné que le sien, puissent en faire leur proie et en nourrir leur jeune famille. De plus, la température du Canada, bien loin d’être froide et humide dans la saison où il l’habiterait, y est saine et chaude. Le collaborateur de Buffon ajoute, pour appuyer sa conjecture, que l’on sait d’ailleurs que le climat de l’Amérique et surtout du Canada n’est rien moins que favorable au chant des oiseaux ; c’est ce qu’aura éprouvé, selon lui, notre Rossignol transplanté à la Nouvelle-France. Cette