aux Grecs ; de là, elle passa aux Étrusques et plus tard aux Romains. Le Corbeau fut consacré par eux à Apollon, le dieu des Augures. Les anciens ne sont pas les seuls qui aient étudié la science des augures. Plusieurs nations modernes attribuent au Corbeau une connaissance surnaturelle de l’avenir. Shakespeare le fait intervenir dans Othello, dans The Tempest et ailleurs, pour annoncer des malheurs à ses héros.
La renommée tantôt bonne, tantôt mauvaise, du Corbeau « anathématisé par Job et classé par Moïse au rang des animaux immondes, » a fort intrigué plusieurs pères de l’Église, notamment saint Jean-Chrysostome, saint Augustin et saint Cyrille.
« Saint Cyrille aime à croire que le Corbeau n’est pas aussi noir qu’on le fait et qu’il n’a pas rompu avec Noé aussi brutalement qu’on le dit. L’historiographe d’Élie, saint Jean, semble douter que le Corbeau ait pu être le pourvoyeur du prophète et donne une ingénieuse explication du fait. Saint Augustin explique la dépravation du Corbeau, par la chute de l’homme et dit que si l’homme eût resté pur, le Corbeau ainsi que les autres oiseaux se seraient modelés sur lui. »[1] Le Corbeau s’apprivoise facilement, imite le cri des animaux et la voix humaine, et aime à dérober les objets métalliques.
Sans être bien commun dans le Bas-Canada, on rencontre cet oiseau fréquemment dans les chaînes des hautes montagnes qui bordent les rives du St.-Laurent. Les cimes sourcilleuses du Cap au Diable et de la Baie des Rochers, sur la rive nord du St.-Laurent près de la Malbaie, ont de tous temps été renommées à cause des Corbeaux qui les fréquentent. Un nid séculaire, et qui a été noté, si l’on en croit la tradition, par les premiers missionnaires de la Nouvelle-France, existe sur le haut d’un bloc perpendiculaire de 150 pieds, à la Baie des Rochers, huit lieues plus bas que la Malbaie. Ce roc taillé à pic surplombe le fleuve : sa cime offre un
- ↑ Toussenel.