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lorsqu’on les surprend au haut d’une colline, elles se précipiteront vers le bas, tourneront à droite ou à gauche : et ce sera peut-être la seule fois que le chasseur les verra ce jour-là.

Les forêts au printemps retentissent du bruit d’appel (drumming) des mâles : un naturaliste européen, décrit comme suit, les faits et gestes du Coq de Bruyère, quand il somme la présence de ses bayadères.

«[1]Aussitôt que le Coq de Bruyère a ressenti les premières atteintes du mal qui le tourmente, il commence par chercher dans le canton qu’il habite un local et surtout une tribune convenablement disposée pour l’exercice de la parade printanière. Cette tribune est généralement un tronc d’arbre renversé et facilement arpentable de l’une à l’autre de ses extrémités. Une fois en possession de son théâtre, notre héros ne tarde pas à en annoncer l’ouverture. Pour ce faire, il se hisse sur la flèche la plus aiguë du plus haut sapin de la montagne, et adresse de là son appel passionné à toutes les poules des alentours. Cette réclame éloquente, que j’aurais beaucoup de peine à écrire en langue musicale, débute par un coup de tamtam assez semblable au gloussement du dindon. Cette note détonnante est immédiatement suivie d’un feu de file d’autres notes grinçantes, stridentes et criardes, douces au tympan comme les gémissements d’une scie qu’on écorche. Après quoi le chanteur s’arrête, pour reprendre haleine d’abord et ensuite pour juger de l’effet de ce premier morceau, et puis il recommence. La durée de chaque séance est d’une heure environ. Celle du matin ouvre avant le lever du soleil ; celle du soir se continue un peu après que l’astre est couché. Le même coup de tamtam qui avait annoncé le commencement des exercices en annonce la clôture.

« Pendant qu’il exécute sa cavatine, l’artiste est tellement absorbé par son art et tellement enivré

  1. Toussenel.