Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/354

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Audubon, dont l’œuvre colossale a étonné et conquis le public, démontrant que la vraie et vivante représentation de l’individualité est plus noble et plus grandiose que les œuvres forcées de l’art généralisateur.

« La douceur d’âme du bon Wilson, si indignement méconnue, éclate dans sa belle préface. Tel peut la trouver enfantine, mais nul cœur innocent ne se défendra d’en être touché.

“Dans une visite à un ami, je trouvai son jeune fils de huit ou neuf ans qu’on élève à la ville, mais qui, alors à la campagne, venait de recueillir, en courant dans les champs, un beau bouquet de fleurs sauvages de toutes couleurs. Il les présenta à sa mère, dans la plus grande animation, disant :… ‘Chère maman, voyez quelles belles fleurs j’ai recueillies ! Oh ! j’en pourrai cueillir bien d’autres qui viennent dans nos bois, et plus belles encore ! N’est-ce pas, maman, je vous en apporterai encore ?’ Elle prit le bouquet avec un sourire de tendresse, admira silencieusement cette beauté simple et touchante de la nature, et lui dit : ‘Oui, mon fils.’ Et l’enfant partit sur l’aile du bonheur.

“Je me trouvai moi-même dans cet enfant, et je fus frappé de la ressemblance. Si ma terre natale reçoit avec une gracieuse indulgence les échantillons que je lui présente humblement, si elle exprime le désir que je lui en porte encore plus, ma plus haute ambition sera satisfaite. Car, comme dit mon petit ami, nos bois en sont pleins ; j’en puis cueillir bien d’autres et plus belles encore.” (Philadelphie 1808.) »