et ceux dont la chair est plus délicate, sont les Canards branchus : on les appelle ainsi parce qu’ils perchent sur les branches des arbres. Leur plumage est extrêmement varié et fort brillant. » Le Hand Book de Toronto, compilé en 1855, porte jusqu’à trente le nombre des espèces qui fréquentent les environs de cette ville. Le plus court pour nous, avec les minces matériaux à notre disposition, c’est d’avouer sans réserve l’impossibilité où nous sommes de rendre justice à cette innombrable tribu des palmipèdes qui, chaque année, en avril et en septembre, s’abat sur nos rivages — la providence des pauvres non moins que le plat favori des épicuriens. Les lois qui régissent les migrations des Oiseaux aquatiques ont, de tout temps, excité à un haut degré la curiosité des naturalistes et des philosophes. Au risque de mêler la poésie à la vérité, nous reproduirons ici les éloquentes paroles du chantre du Christianisme :
« Les Oies, les Sarcelles, les Canards, » dit Chateaubriand[1], « étant de race domestique, habitent partout où il peut y avoir des hommes. Les navigateurs ont trouvé des bataillons innombrables de ces Oiseaux jusque sous le pôle antarctique. Nous en avons rencontré nous-même des milliers depuis le golfe Saint-Laurent jusqu’à la pointe de l’isthme de la Floride. Les Oiseaux de mer ont des lieux de rendez-vous, où ils semblent délibérer, en commun, des affaires de leur république. C’est ordinairement un écueil au milieu des flots. Nous allions souvent nous asseoir, dans l’île Saint-Pierre, à l’entrée du golfe Saint-Laurent, sur la côte opposée à une petite île, que les habitants ont appelée le Colombier, parce qu’elle en a la forme et qu’on y vient chercher des œufs au printemps. La multitude des Oiseaux rassemblés sur ce rocher était si grande, que souvent nous distinguions leurs cris pendant le mugissement des tempêtes. Ces
- ↑ Génie du Christianisme.