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Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/142

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AUTOUR DE LA MAISON

bitait ma pensée. Je me disais bien que j’étais libre de l’acheter, mais je ne voulais pas, puisqu’on m’avait conseillé le contraire. Allons, je pouvais m’en passer. Qu’est-ce que ça me donnerait de l’avoir, puisqu’elle crèverait tout de suite ?

Elle continuait cependant à voltiger devant mes yeux, et les meilleurs raisonnements du monde ne l’auraient pas chassée de mon esprit. Deux jours durant, ce fut une obsession, une lutte incessante dans ma pauvre petite personne. Puis, je n’y tins plus, je sortis des sous de mon tronc sans dire un mot, et j’allai la chercher, la baloune de mes rêves !

Je la cachai dans ma poche de sœur. Personne ne sut que je l’avais. J’étais honteuse de ma faiblesse, mais était-ce ma faute si je n’avais pu résister ?… Pendant que Marie, Toto et Pierre s’amusaient dehors, je me sauvais dans la chambre aux jouets et, là, je savourais mon bonheur.

Je m’asseyais à la fenêtre qui donnait sur le jardin désert. J’étais seule, en face des arbres bourgeonnants et des champs, là-bas, où aucun homme ne travaillait. Je soufflais ma baloune. Je la soufflais et, bouchant de mon doigt le trou de son sifflet de bois teint, je la regardais ! N’allez pas croire que j’étais déçue. Je l’avais, je l’adorais ! Soufflée le