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Marguerites


Dans une corbeille de cuivre, sur la grande table de travail, près des fenêtres et face au foyer où les bûches brûlent par ce jour gris, les marguerites montrent leur visage jaune vif, qu’entourent les collerettes fines, fraîches et immaculées. Chaque côté de l’anse elles sont groupées, et me font involontairement songer à des fillettes en blanc qui voyageraient sur un bateau, et se pencheraient, ou se pousseraient, tassées vers l’avant et l’arrière, pour bien voir le paysage.

Les marguerites ont une curiosité dans leur claire physionomie et les attitudes sont différentes comme si chacune avait son spectacle préféré. L’une s’élève très haut au-dessus des autres ; tout à fait fière de son sort, elle regarde par la fenêtre avec un dédain évident : Pensez donc, il pleut toujours, sa corolle n’en pourrait plus de supporter encore le poids de l’eau. Elle a chaud maintenant, et elle n’a plus la honte de voisiner avec les pissenlits montés en graine !

D’autres se pressent, mêlant leurs collerettes ; elles ont l’air avides et étonnées. Il semble qu’elles examinent les meubles et les gens. Deux