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Attitudes de quêteux


Sur les marches qui conduisent à la sainte Table. Tit’Laire et Rabidibidoux entendent la grand’messe pascale. Tit’Laire est un petit vieux rabougri et brun, au visage tanné. Rabidibidoux est jeune, rougeaud, trapu, bien planté. Sa chevelure blonde est épaisse et traîne sur son cou musclé quand il regarde en l’air. Ses yeux bleus sont grands et bien abrités par des sourcils en broussaille ; mais ces sourcils ne donnent point à Rabidibidoux une expression sévère ; sa figure imberbe et ronde révèle plutôt une âme enfantine, d’une naïveté extrême. Il doit, et sans rechigner, se laisser rouler bien souvent !

Tit’Laire, par contraste, a une physionomie de chien aux aguets, il semble sans cesse soupçonner qu’on veuille le jouer, même si l’on est de la meilleure foi du monde. Une méfiance finaude se lit dans la flamme de son regard et dans le sourire qui erre constamment sur ses lèvres minces — minces et serrées, — car simultanément Tit’Laire sourit et mâche et avale. Il a toujours un… chat à fouetter ! Aussi, s’il se met à cracher, on jurerait que c’est son tic. Il se soulage vingt fois en cinq minutes,