mar, s’emparer de la maison, forcer Monique à monter à sa chambre, à prendre du thé. Monique se taisait, épiait les bruits. Tout à l’heure, il reviendrait mort, et sa pauvre maman ploierait sous cette peine. Quand la porte d’entrée grinça, et que Monique entendit les pas gênés des hommes montant un fardeau, enfin sa douleur éclata et ses larmes coulèrent pressées.
Bien plus tard, elle descendit. Les cierges
étaient allumés. Déjà des fleurs entouraient la
tombe où il semblait dormir, rêver peut-être. Le
front luisait, blanc, et sous la moustache blonde
la bouche souriait. Ce sourire heureux, jamais
elle ne l’avait vu à son père. Monique pensait
amèrement à toutes les fois où elle l’avait harcelé
par ses besoins d’argent. Il ne s’était jamais
reposé et malgré tout, son salaire suffisait à peine.
Eh bien, il dormait enfin délivré. Il y avait
un ciel. Monique envia son sourire heureux,
comblé. Oui, elle gagnerait sa vie et tout serait
pour le mieux. Elle se sentit subitement visitée
par une paix extraordinaire, une paix presque
surnaturelle. Pour un moment, cette paix anéantit ses doutes. Ce sourire de son pauvre père
mort lui redonnait confiance en Dieu, en sa miséricorde et elle pensa qu’il était sage de prier.