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IX


Après s’être attardée sur la grève, Lucette remontait seule vers le Sanatorium, par un sentier taillé à même la falaise. À mi-hauteur, elle s’arrêta.

Le ciel bleu pâle s’appuyait à l’horizon sur la mer plus foncée ; le grand rocher roux barrait cette nappe turquoise. Les barques rentraient de la pêche, suivie par les goélands affamés dont les cris rauques animaient l’air. Les doux et souples mouvements des grandes ailes blanches ajoutaient leur grâce au paysage.

Lucette ne s’habituait pas à ce pays magique, dispensateur de beautés. Ce séjour, quel splendide prélude à sa vraie jeunesse, — sa vraie jeunesse qui ne commencerait, pensait-elle, que le jour où elle aimerait.

Après la montée abrupte au flanc de la falaise, le sentier descendait une pente herbeuse, et au fond d’un petit ravin, enjambait un ruisseau sortant de la montagne. La route, en haut, traversait cette coulée sur un pont de bois juché sur des poutres entre lesquelles s’encadraient des verdures.