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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/111

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Il avait eu raison de ne pas le lui dire, puisque maintenant, elle bondissait, le quittait en lui criant au revoir.

Elle entra. Elle attendait des nouvelles de Monique, de Nicole, de Claire, mais ce fut une écriture inconnue qu’elle aperçut d’abord. Elle ouvrit l’enveloppe, commença la lecture sans comprendre. Puis, une exclamation lui échappa. C’était une réponse imprévue de Jean Sylvestre. Il avait été entre la vie et la mort ; il ne marcherait plus qu’avec des béquilles. Il avouait son grand besoin de consolation. La gifle que Lucette lui avait autrefois donnée, lui brûlait encore la joue, mais il promettait de pardonner si elle voulait bien lui écrire quelquefois.

De la pitié, et une subite affection pour Jean, envahirent le cœur disponible de Lucette. Une âme blessée de plus, battit des ailes dans son jardin. Elle répondit huit longues pages, douces et tendres, à son insu ; elle exaltait, voulait répandre la consolation sur le monde, semer son bonheur à tout vent. Elle ne se calma que lorsque l’enveloppe lourde reposa entre les mains du grand monsieur Thuso, maître de poste. Et encore, pendant que celui-ci, — vieux gentilhomme aux cheveux gris, que l’on reconnaissait de loin sur les routes de Percé, parce qu’il portait tout l’été un pantalon blanc, — lui faisait