ne passait plus devant une église sans y entrer, parlait sans cesse de quelque chemin de croix à faire. Elle suivit aussi des cours de philosophie et cessa d’être au courant de l’existence des romanciers modernes, et Monique et Lucette ne parlèrent plus de littérature avec elle ; elles ne marchaient plus dans la même voie.
Mais elles s’aimaient toujours avec la même fidèle tendresse, toutes les trois, de la même amitié unique, rayonnante, précieuse.
Nicole y pensait et souriait doucement en attendant ses amies.
Elles arrivèrent ensemble, et regardèrent Nicole sans l’embrasser : la nouvelle coiffure modifiait tellement son apparence.
— Tu t’es coupé les cheveux ! Comme cela te va bien ! Montre-toi de profil ! Tu me rappelles mon juvénile enthousiasme pour les héroïnes de cinéma. Nicole, que tu es belle.
— Allons, allons, pas de compliments entre nous, s’il vous plaît.
— Mais ta surprise en valait la peine.
— Ma surprise ? Es-tu si sûre que c’est cela ?
— Avec toi, on ne sait jamais. Vas-tu nous annoncer que tu es fiancée ? Tu rayonnes. Il y a quelque chose, sûrement. Dis-le tout de suite, veux-tu, Nicole ?