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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/61

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Mais le train ne partait pas. Les montres dépassaient l’heure du départ depuis une quarantaine de minutes et ce train ne bougeait toujours pas. Il ne semblait pourtant rien attendre de précis.

Enfin, un vague mouvement précurseur se produisit. La locomotive souffla plus fort, sonna, cria deux fois, hésita de nouveau, puis lentement démarra.

Tous les wagons craquaient, penchaient d’un côté, puis de l’autre. Lucette s’amusait des soubresauts que ces mouvements brusques imposaient aux voyageurs et à leurs bagages. L’abbé Désaulniers lui dit alors :

— Ce n’est rien, vous verrez tout à l’heure, quand le train passera au bord de la falaise et que nous ferons cette gymnastique dans le vide, au-dessus de la mer.

Le train suivait la Restigouche au cours tumultueux coulant entre les montagnes aux dômes variés, inégaux, sous le ciel bleu. C’était l’entrée de l’avenue de forêts et d’eau que tout le jour les voyageurs allaient parcourir.

Tout de suite, l’émerveillement commençait. Une toute petite pointe de la baie des Chaleurs se montrait entre les rives escarpées, une pointe encore étroite comme la rivière. Le train se mirait dans cette onde précieuse et azurée qui reflé-