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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/70

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carrière, chevauchait le littoral de la province et contenait une population plus anglaise que française. Un village sans couvent, sans collège, où les sœurs de Jacques, après leur cours d’étude à Montréal, périraient d’ennui. L’élément canadien-français se composait de cultivateurs anglicisés par le voisinage de l’Ontario. Et Monique disait à Jacques à quel point elle plaindrait la femme qu’il choisirait.

Avec le sérieux que les très jeunes personnes peuvent apporter à traiter de certains sujets, elle allait jusqu’à déclarer :

— Et la mentalité de vos enfants s’en ressentira !

— Celle de mes sœurs en a-t-elle souffert ?

— Sûrement. Vous ne vous en apercevez ; pas, mais à tout propos, elles disent par exemple : « C’est chic, c’est anglais. » Cela, parce qu’elles ont grandi dans un village où la bonne société est exclusivement anglaise.

— Allons ! Beaucoup de Montréalais s’expriment de la même façon.

— Pas moi.

— Non, pas vous, Monique, vous n’aimez pas les Anglais sans les connaître.

— Vous, ce sont vos compatriotes que vous méconnaissez.

— Je vous méconnais ?