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LE NOM DANS LE BRONZE

les influences étrangères qui menaçaient notre homogénéité. L’américanisme nous imprégnait assez malgré nous : volontairement, il fallait ne rien consentir. Nous savions trop bien l’anglais, nos idées s’en ressentaient. Nous n’étions pas assez riches en nombre et en qualité, pour nous éparpiller : les défections étaient fatales, à une nationalité telle que la nôtre, petite île isolée dans la mer anglo-saxonne. Épouser un étranger, épouser un Anglais, élever des enfants anglais, c’était une défection.

Marguerite écoute tour à tour parler son cœur ou sa raison. Elle souhaite naïvement que Steven reste son ami, sans qu’il soit question de mariage. Pourvu qu’il n’aime personne d’autre… Puis, c’est la souffrance aiguë d’imaginer qu’elle renoncera à lui, et, continuant à vivre, le verra s’attacher à une autre jeune fille, et retrouver le bonheur sans elle. Cette pensée la déchire.


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