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LE NOM DANS LE BRONZE

le rivage, ballottent le léger canot. Le fleuve redevenu calme, peu après, ils abordent à Sainte-Anne et descendent sur la grève de sable fin. En face, c’est l’île du Pas et l’élargissement du fleuve qui s’appelle le lac Saint-Pierre. L’eau bleue s’étend jusqu’à l’horizon, lisse et étincelante. Une villa inoccupée leur offre son jardin. Ils se promènent dans les allées ouvertes sur la grande lumière du fleuve. Tous deux sont secrètement émus. Si leurs yeux se rencontrent, ils y voient mutuellement une telle tendresse qu’ils se détournent, troublés. Et de nouveau, Marguerite sent l’intensité de son bonheur ; brusque éblouissement, semblable à celui qui se produit dans le ciel en grisaille avant un orage, quand un faisceau de rayons de soleil se glisse entre les nuages. Elle est ce point clair dans l’immense monde plus obscur. Pour elle, il faut que la vie soit clémente et belle, elle le veut avec trop de violence.

Elle sourit à Steven, qui prend sa main et la retient dans les siennes pendant qu’ils redescendent sur la grève. Marguerite lève de nouveau vers son compagnon ses yeux confiants. Leurs doigts enlacés