Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
TÊTES ET FIGURES

noire lisérée de blanc, vêtue d’un élégant boléro de couleur sombre, d’une robe de linon crême, mi-longue, en plissé fin, portant une paire de demi-guêtres, moulant adorablement son pied, elle avait bien gracieuse mine.

L’apparition soudaine d’Irma sembla impressionner profondément Paul, qui ne put s’empêcher de l’envelopper d’un regard mêlé à la fois de regret et d’admiration.

— C’est bien là Irma, balbutia-t-il, avec certain embarras, comme, s’il eût fait une découverte.

Il descendit machinalement la petite allée qui conduisait à la grande route, et, du coin de la clôture du jardin, à l’abri d’un pieu, il regarda Irma aller jusqu’au moment où elle entra dans une maison du voisinage.

Alors, il retourna à pas comptés reprendre sa place à la porte du fournil. Décidément, il était devenu rêveur. Foule d’impressions, de sentiments à demi-éclos, obsédaient son âme d’adolescent.

L’image d’Irma, pimpante dans ses beaux atours, lui trottait obstinément dans le cerveau.

Il finit par se regarder de la tête aux pieds, et, toujours pensant à Irma si élégamment vêtue, il eut là sincèrement honte de lui-même. Jamais il n’avait trouvé Irma aussi belle, et jamais non plus, en se comparant, il ne s’était