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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/131

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TÊTES ET FIGURES

vu aussi dégoûtant et comme tenue et comme propreté. Du coup, il se jugea absolument indigne même de lever les yeux sur sa jeune amie.

Il en était là de son retour sur lui-même, ayant toujours devant les yeux l’image d’Irma cheminant lestement dans la grande route, avec sa toque de velours, sa longue tresse de cheveux châtains, les joues légèrement colorées par la chaleur du jour, son petit boléro, et sa jupe de linon flottant au vent, lorsqu’il lui vint à l’idée qu’elle devait bientôt revenir, et, qu’elle le retrouverait dans son misérable accoutrement.

Vite, il s’enfuit et rentra au logis, d’où, dissimulé derrière les rideaux d’une fenêtre, il guetta le retour de la fillette qui, en effet, repassa quelques instants après, non sans jeter un coup d’œil dans l’endroit où elle avait vu Paul.

La seule apparition d’Irma avait été chez lui le signal d’une transformation complète qu’il n’aurait pu expliquer, du reste. À l’âge où il était arrivé, entre chien et loup, elle avait déterminé dans tout son être une crise décisive ; tel à l’aube, un paysage se dessine d’abord embrumé, confus, puis se montre peu à peu à la lumière solaire qui gravit l’horizon, et