Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
TÊTES ET FIGURES

au langage. Et s’il vous arrive d’en entendre vous vous prendrez peut-être à regretter de les avoir oubliés. En 1920, l’année de ma naissance, la population de Québec, ma ville natale, était devenue, d’après le recensement du temps, presqu’exclusivement française : c’est tout au plus si, dans la ville, il restait trois ou quatre mille personnes de langue anglaise.

La tendance de l’élément anglo-saxon dans le pays a été de graduellement gagner l’ouest canadien et l’ouest américain. Le Français, lui, tout en ayant le goût des aventures, des explorations, des voyages, revient ou pense toujours à revenir au sol natal : il y reste, toute sa vie, attaché de cœur.

Aujourd’hui, l’élément français au Canada ayant eu, comme tout autre, son mouvement d’expansion, s’est propagé du côté du Labrador, et jusqu’à la baie d’Hudson, surtout depuis les explorations du vaste territoire de l’Ungava qui fut annexé il y a bien des années à la province de Québec. Il a fait tache d’huile dans le Nouveau-Brunswick, a totalement absorbé les cantons de l’Est et les États de la Nouvelle Angleterre, et a envahi une bonne partie de la province d’Ontario ; le fait est qu’à Toronto et dans plusieurs autres centres de cette province, jadis presque complètement anglaise, il faut tenir compte du Français au point de vue