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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/11

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TÊTES ET FIGURES

ceptibilité jusqu’à se froisser de visites vers la fin de la période convenue.

Pendant plusieurs années, le mouvement des visites du nouvel an affecta une désinvolture furibonde, mais moins flatteuse. Le prétexte apparent était l’ancien, mais le motif était tout autre ; on multipliait les visites dans le but de se faire inviter seul ou avec sa famille à quelque soirée, quelque grand bal en perspective et dont l’on chuchottait depuis bien des jours. C’était une randonnée, une chevauchée en règle de par les rues et à toutes les deux portes ; on entrait, le casque à la main — aujourd’hui, c’est la casquette démocratique fourrée ou non fourrée — on s’annonçait, s’il n’y avait pas de garçon de service, on saluait en esquissant une révérence selon la flexibilité des articulations, et en balbutiant un cliché vieux comme Noé : — Madame ou Mademoiselle, je vous la souhaite bonne et ureuse.

On s’asseyait du bout des lèvres, et l’on ergotait sur la température et ses pronostics. Arrivait un autre visiteur. La consigne étant de décamper, on décampait pour aller en faire autant à la maison voisine ou celle d’en face.

Tout lasse, tout casse, tout passe ! Cette mode devint une corvée aussi encombrante qu’exténuante. D’année en année, il s’opéra une baisse notable et constante dans le nombre de visites de la nouvelle année ; ce fut tant et