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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/221

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TÊTES ET FIGURES

me pende tout d’suite, si tu l’as. Nom d’un chien ! En prend-t-elle un peu des airs, m’am’zelle. Ah ! l’bébé s’ra tranquille avec toi ? Vraiment ! Tu m’dis pas ça ! Et il va pleurer et être agité avec sa mère ? T’as qu’à voir !

Et à chaque vocifération, la mère Mawks, écumant de plus en plus de rage, se rapprochait de Lise.

— Gueuse que t’es, hurla-t-elle ! Ah ! tu t’es mis dans l’coco que j’vas t’laisser mon enfant même une heure, sans qu’tu payes c’te coppe ? Y a assez que tu l’as déjà eu pour pas grand’chose. J’sus eune honnête femme. J’travaille pour vivre. J’peux ben prendre un coup, mais j’en prends pas deux. J’sus pas comme toi et d’eune bougrée, avec tes grands airs ! Une belle garce, oui, vraiment ! Allons ! Aboule l’enfant, t’as pas affaire à l’garder eune minute de plus !

Et la mégère s’élança sur le châle qui protégeait le bébé dans les bras de Lise.

— Ne lui faites pas mal, supplia Lise toute tremblante, Ce pauvre petit… Faut pas lui faire mal…

Les yeux de la mère Mawks eurent des reflets de tigresse, s’injectèrent de sang ; on eut dit qu’ils sortaient de leurs orbites.

— Lui faire mal ?… Moi ! Est-ce que j’ai pas le droit de faire c’que j’veux avec mon