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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/58

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TÊTES ET FIGURES

de durer plus longtemps encore, car, de temps à autre, Charlot était obligé de « ranger » son cheval à côté du chemin, par rapport aux rencontres.

Et les rencontres étaient plus fréquentes qu’à l’ordinaire ce soir-là, à tel point que l’étranger finit par maugréer pour de bon.

— Sapristi, dit-il, on se croirait un dimanche au sortir de la messe. De ce train-là, jamais je n’arriverai à la ville.

— C’est pas ben agréable, observa Charlot, de voyager à soir, mais que voulez-vous que j’y fasse ; c’est l’mardi-gras, s’pas, et chacun enterre le carnaval.

— Peste soit du mardi-gras ! répliqua l’étranger, je voudrais qu’il fût mort et enterré !

— Ah ! pour ça, monsieur, vous pouvez y compter ; quand nos gens l’enterrent, ça n’est pas pour rire. Et tenais, si vous étiez pas si pressé d’arriver à la ville, ma frine ! j’cré que y aurait moyen de s’amuser un brin. Je vous assure que c’est ben plaisant et qu’vous auriez du plaisir, à plein… Tous ces gens-là sont des veilleux, pas ! Y s’en vont veiller manquablement, et pis danser avec les criatures, j’vous l’dis. Ils ont un violon avec eux autres, un nommé Simard, de Québec. Il est descendu avant-hier ; y paraît que c’est un joueux comme rare. Mais un qui était pas aisé à batt’ dans son temps, c’était l’père