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Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/85

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TÊTES ET FIGURES

Sa dépouille mortelle resta glacée, rigide, dans l’endroit où elle était tombée.

Personne n’y vint déposer une fleur ou dire une prière.

Son âme souillée, flétrie, repartit tremblante, en constatant qu’elle avait encore conscience d’elle-même, qu’elle revivait, mais d’une vie nouvelle, vie de souvenirs douloureux, vie pleine de désirs intenses et de remords cuisants et qu’elle s’en allait, où ? Dans les espaces sans fin où naissent et meurent des myriades de mondes.

Aux confins de la terre et au seuil de l’éternel séjour, les anges sont toujours là, penchés, veillant, écoutant, attendant.

L’une de ces pures créatures se tient toujours agenouillée sur le seuil même de la grande porte qui s’ouvre sur la longue allée ombreuse et silencieuse, dans l’attitude d’une triste et douloureuse expectative. Ses regards scrutent avec sollicitude les espaces immenses entre la terre et les autres mondes, pour découvrir les âmes de ces infortunés qui, dans leur orgueil, se sont parjurés, ont menti à leurs plus nobles instincts, âmes vagabondes, errant d’étoile en étoile, souffrant des tortures indicibles, à la poursuite, un peu en retard, de la paix de Dieu que, sur